le jour où le Conseil de l'Europe s'est ridiculisé
Je veux naturellement parler de la fessée.
Mercredi dernier, 4 mars 2015, la France a été "épinglée" par un rapport du Comité européen des droits sociaux du Conseil de l'Europe, pour n'avoir pas encore officiellement (par la loi je suppose) banni la fessée de ses pratiques : voir le site du Conseil de l'Europe http://www.coe.int/t/dg3/children/corporalpunishment/default_fr.asp et leur campagne "levez la main contre la fessée". Nous violerions la Charte sociale européenne.
Bien sûr le Conseil de l'Europe ne parle pas de "fessée" qui est une notion et apparemment une pratique bien hexagonale, mais de "châtiments corporels" : c'est vague et on peut y fourrer tout et n'importe quoi. Y compris donc une fessée. Pourtant je regimbe : pas en tant que Française bien sûr, en tant que maman qui n'a pas hésité à flanquer une fessée à un de ses quatre enfants quand il l'avait bien cherchée. Et je suis absolument certaine, à cent pour cent, que cela ne les a nullement traumatisés. Je mets n'importe qui au défi de rencontrer l'un de mes enfants aujourd'hui (âgés de 28 à 22 ans) et de lui déceler un traumatisme, une névrose ou pire, dû à quelque fessée mal digérée ! Pas plus que je ne me suis jamais sentie traumatisée par les quelques claques reçues dans ma jeunesse.
Je trouve qu'il y a de l'abus à vouloir faire d'un parent qui fait son devoir de parent (éduquer, corriger) une brute irresponsable qui mérite d'être ... punie. Voire dénoncée par ses propres enfants, au moyen d'un numéro spécial "allo enfants maltraités" ! Sans rire, quel rapport entre une maman excédée par un gamin qui fait un caprice (nous avons tous assisté à ce genre de scènes au supermarché par exemple) et un adulte sadique qui prendrait plaisir à faire souffrir un enfant (plus faible et donc incapable de se défendre) ? Aucun, ils sont à des années lumière l'un de l'autre, et la maman excédée ne recèle pas forcément en son sein un adulte malsain et assoiffé de manifester son pouvoir.
La fessée, dans son acception française, se donne à chaud parce que justement la maman (ou le papa) a perdu patience : il faut soit partir à l'école, soit monter en voiture, soit aller se coucher, et l'enfant n'en a justement pas envie, ou bien est en train de tester les limites de l'autorité parentale. Les fameuses limites sans lesquelles il est impossible à un enfant de se construire, nous disent les psychologues d'aujourd'hui et d'hier.
Après avoir entendu avec consternation plusieurs commentaires à la radio et à la télévision ce jour là, je me demande ce que veulent toutes ces belles âmes : produire une génération d'enfants "mal élevés" comme c'est déjà le cas dans certains pays ? Lire à ce sujet l'article sur les enfants suédois :
Une fessée n'est pas l'expression d'une volonté de pouvoir déplacée, mais le refus par une personne adulte ayant des responsabilités d'adulte, de se laisser manipuler par un enfant qui n'est qu'à la recherche d'une gratification immédiate. Au lieu de culpabiliser des parents, déjà assez déboussolés dans le monde actuel où il est très difficile de faire respecter quelque autorité que ce soit, il vaudrait mieux appeler les choses par leur nom : les parents ne sont pas les "amis" de leurs enfants, ils ont un autre rôle à jouer dans la vie de ces derniers. Et l'amour des enfants pour leurs parents peut souffrir d'être écorné de temps en temps par une déception, un refus, voire une fessée. Même sans s'en rendre compte, un parent qui dit non ou flanque une fessée (bonne ou pas) est dans son rôle de parent, il n'est PAS un tortionnaire.
Une maltraitance de longue durée c'est autre chose, mais nous ne parlons déjà plus du même phénomène. Pratiquer l'amalgame n'aide pas à clarifier le débat. Cela ne sert que de paravent à des hypocrites qui refusent de voir la réalité en face et se donnent à bon compte une (fausse) bonne conscience.
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