Rhode au jour le jour

Suzanne nous a prêté Sérotonine qu'elle avait acheté mais pos encore lu : c'est justement celui parmi les récents Houellebecq qui nous manquait. Je viens de le lire en quelques jours, et je me suis régalée !
Pourtant comme l'écrit fort justement un des critiques sur amazon.fr, ce n'est pas un livre fort gai : plus sombre et déprimant (voir le titre) que son tout dernier que nous avons beaucoup aimé.

Mais on y retrouve avec délectation le même genre de héros désabusé et un peu perdu, le même style méchant, la même acuité dans la description impitoyable des errements de notre société contemporaine. Le tout raconté d'un ton très sec, comme détaché des horreurs qui sont relatées : c'est ce qui chez moi force le rire. Chapeau Michel, du grand art !

J'ai trouvé le roman un peu décousu, ou kaléïdoscopique si on préfère : la première partie (avec l'inénarrable Yuzu) n'a rien à voir avec la seconde (avec Aymeric). Il ne se passe finalement pas grand-chose dans cette histoire, c'est mon seul reproche. Question cul il y en a toujours beaucoup, surtout dans la première partie d'ailleurs, mais on finit par ne plus y prêter attention : c'est du Houellebecq après tout. Ce n'est pas ce que je préfère mais de là à parler de pornographie dégoûtante comme d'autres critiques le font... pas d'accord. Il faut admettre que cette dimension de l'existence doit être très importante pour MH, et donc il en parle beaucoup, voilà. Il ne doit pas être le seul.

Un autre lecteur lui reproche de mettre en scène l'assassinat d'un petit enfant : c'est en effet le moment le plus choquant du roman, mais lisez et vous verrez (je n'en dis pas plus pour ne pas faire de spoiler).

Ce que j'ai préféré : la description de la vie d'Aymeric, et les problèmes auxquels sont confrontés les petits ou moyens producteurs, face aux diktats des supermarchés, des grandes entreprises agricoles, et n'oublions pas de l'Europe (je ne sais pas si je partage entièrement les vues de MH là-dessus mais force est de constater qu'il y a des dégâts).
Cet Aymeric est un personnage lumineux dans ce roman si sombre, il force le respect et la sympathie. Alors donc Michel est capable d'être tolérant vis-à-vis de ses semblables ! D'ailleurs, son héros est à la recherche de ses amours passées : deux personnages féminins entièrement positifs. D'où sort-on qu'il est mysogine ??? MH un romantique qui s'ignore, ou plutôt ignoré du public ?