Rhode au jour le jour

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J'ai beaucoup aimé ce livre, qui m'a surprise par la maturité dont témoigne l'auteur (pourtant encore assez jeune). Son histoire, largement autobiographique, prend vraiment aux tripes parce qu'il nous la fait vivre à hauteur de l'enfant qu'il était au moment des événements. Gaël Faye sait très bien évoquer l'enfance, ce paradis perdu, pour lui et sa soeur définitivement (pour beaucoup de gens l'enfance est également un monde perdu, mais au moins nous pouvons en retrouver certaines traces physiques).

Les descriptions de la nature exubérante du Burundi (que je ne connais biens sûr pas) me semblent assez justes et très évocatives en termes d'odeurs et de saveurs : comme chacun sait, intimement liées à nos souvenirs d'enfance.

Mais surtout l'arrivée de la catastrophe annoncée et que nous connaissons tous fait froid dans le dos : elle se rapproche inexorablement du monde de Gaby et de ses copains, qui ne réagissent d'ailleurs pas tous de la même façon. C'est décrit avec beaucoup de subtilité, même si certains faits sont d'une grande violence. On imagine les traumatismes que ces enfants en auront gardé pour le reste de leur existence...

Finalement, j'ai envie de reprendre les mots que l'auteur fait dire à l'un des personnages : "l'Afrique, quel gâchis !". Ces hommes qui se sont entretués, qu'avaient-ils de si irréconciliable finalement ? La portée de cette petite histoire dans la grande dépasse bien sûr l'Afrique : les Européens se sont massacrés de la même façon il y a à peine un siècle, et pour des raisons qui doivent apparaître aux observateurs extérieurs d'aujourd'hui comme tout aussi artificilelles que celles qui ont opposé Hutus et Tutsis à la fin du vingtième siècle.

Alors à qui la faute ? est-ce la nature humaine qui est décidément bien moche ? qu'est-ce qui fait que nous cherchons désespérement à nous rattacher à un groupe, un clan, une ethnie, une nation ? et saurons-nous un jour aller au-delà de ce qui nous différencie bien réellement, pour voir aussi ce qui nous rapproche ?

Le livre de Gaël Faye ne répond pas à ces questions, mais il donne envie de se les poser.