Elena Ferrante
Je me rends compte que je n'ai pas encore parlé des livres d'Elena Ferrante "l'Amie prodigieuse" en français, ou l'Amica Geniale en italien.
Je les ai tous lus cet hiver même si je n'ai acheté que le tome 3, les autres m'ont été prêtés par Francesca.
Depuis je l'ai offert à Anne, à Rosa, et j'en ai parlé avec plusieurs amies : c'est une histoire très forte et très originale, dont les personnages restent longtemps dans la mémoire du lecteur. (attention spoiler !) Contrairement à pas mal de monde, je ne suis pas aussi négative dans mon jugement sur Lila (souvent jugée maléfique mais qui suscite surtout mon admiration par sa force de caractère). Je ne crois pas qu'elle ait sciemment manipulé Lenu et tout son entourage toute sa vie durant, non, c'est sa manière à elle de faire face à la réalité dans laquelle elle vit. Elle est sincère dans ses affections et fidèle dans ses amitiés.
Dure réalité de cette banlieue pauvre de Naples au sortir de la guerre, que l'auteur fait revivre de manière très convaincante, même si je dois reconnaître que tout ce décor sordide (il faut bien le dire) est resté pour moi un peu flou : peut-être est-ce dû au fait que j'ai lu les livres en italien, et que ma maîtrise imparfaite de la langue m'en ont gommé les aspects les plus pointus ?
Quoi qu'il en soit, c'est surtout à une analyse psychologique remarquable que nous avons droit : celle de Lenu, la narratrice d'abord, qui parvient à quitter son milieu défavorisé en étant une élève puis une étudiante modèle et douée. Lenu quitte aussi Naples et sa banlieue, pour découvrir le nord de l'Italie, Florcence, l'étranger aussi. Elle connaît le succès littéraire, se marie (mal) et aura deux filles pendant que Lila tout aussi douée que son amie et même plus, reste à Naples et suit un tout autre parcours : d'abord mariée très jeune, puis séparée de son mari Stefano, elle élève seule ou presque (magnifique personnage d'Enzo) son fils en travaillant très dur comme ouvrière.
A travers leurs itinéraires c'est celui de l'Italie des années soixante puis soixante-dix que nous refaisons : les mouvements politiques extrémistes, les luttes, les grèves, la violence, le féminisme aussi. Elena Ferrante nous offre une galerie de portraits inoubliables, hauts en couleurs (les frères Solara) mais aussi consternants de médiocrité (Nino), et de différents milieux sociaux (la belle-famille de Lenu par exemple, intellectuels de gauche de Milan).
Le roman, car il s'agit d'un seul et même roman paru en quatre tomes, se termine pour moi d'une manière insatisfaisante en ne répondant pas entièrement à toutes nos questions. C'est dommage mais n'enlève rien au souffle quasi épique qui traverse tout le récit, véritable peinture de société qui englobe plusieurs décennies et de multiples famille. Un peu à la Tolstoï : beau compliment non ?
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