Rhode au jour le jour

Je réagis à une phrase du ministre néerlandais des affaires sociales, Lodewijk Asscher, entendu dimanche à Buitenhof : à propos des deux parlementaires d'origine turque qui viennent d'être exclus de la fraction du Parti du Travail (PvdA) à la chambre, il a dit à deux reprises qu'il est légitime d'être "fier" de ses origines (en ce cas particulier donc fier d'être d'origine turque).

Et je me demande alors pourquoi : pourquoi être fier ? et de quoi ? est-ce que on répète aux Néerlandais (ou aux Français) qu'ils peuvent, voire doivent, être "fiers" de leur pays et de leur histoire ? Ce serait plutôt le contraire, à entendre certains hommes politiques et commentateurs : nous devrions passer notre temps à nous excuser de notre passé, de notre histoire, bref de ce que nos ancêtres ont fait et ont été.

Pourquoi une telle différence de traitement ? en quoi la fierté de ses orignes serait-elle réservée aux populations d'origine étrangère qui vivent maintenant dans nos pays ?

Ne ferait-on pas mieux de recommander à tous, allochtones comme autochtones, d'être "humble", ou modeste, par rapport à ses origines ? Exacerber l'orgueil de certaines populations ne peut que les amener à se sentir supérieures aux autres, et qu'avons-nous alors à y gagner en tant que société multiculturelle ? Revendiquer ses origines avec fierté revient à affirmer que l'on vaut mieux que les autres. On peut le penser en privé, pourquoi pas, mais dans le cadre de rapports sociaux apaisés il vaudrait mille fois mieux plaider pour une retenue certaine, de part et d'autre : si on cherche bien, chaque pays a quelque chose à se reprocher dans son histoire (et les Turcs autant et sinon plus que bien d'autres !). Pour être vraiment tolérant, il faut être modeste (je n'écris pas "critique") par rapport à son propre passé, par rapport à sa culture : cette nécessaire distance permet de s'ouvrir aux populations qui sont différentes de nous par leur histoire ou leurs valeurs.

Ceci est valable pour tous, et ne vaut pas à sens unique !