Rhode au jour le jour

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tout compris

Ca me trotte depuis longtemps dans la tête, mais je ne trouvais la manière de l'exprimer avec des mots clairs, quitte à tomber dans la naïveté. Je crois que j'y suis, à la suite de la revue de presse entendue ce matin sur France Inter, dont un item a accroché mon attention : le type parlait d'une jeune journaliste qui faisait état d'un incident survenu dans le passé, dans la foulée de la libération de la parole des femmes suite à "me too".

En fait, si j'ai bien compris, elle était allée se faire payer un article auprès de je ne sais plus quelle rédaction, il y a déjà quelques années. Et le type qu'elle avait vu sur place lorgnait de façon un peu trop appuyée sur son abdomen, qu'elle avait découvert (sans doute habillée d'un tee-shirt très court avec un pantalon très bas sur les hanches, j'imagine). Et cette jeune femme se plaint aujourd'hui de l'attitude du type.

En dehors de toute réflexion sur le fait de savoir si c'est bien honnête de se plaindre maintenant parce la parole des femmes est libérée (paraît-il), c'est autre chose qui m'a frappée : bien sûr, le type en question ne devait pas être finaud ni subtil, et ce n'est jamais agréable pour une femme d'être regardée comme un morceau de viande. Mais la fille, dans quel monde vivait-elle ?

Les hommes étant ce qu'ils sont à l'instant où j'écris en février 2018, il me semble qu'il y a 2 attitudes possibles à avoir pour les femmes : soit être consciente qu'il vaut mieux éviter certaines tenues dans certains endroits ou certains milieux si on veut éviter ce genre d'incident (ce qui est une atteinte à notre liberté vestimentaire évidemment, car je crois sincèrement que la journaliste en question n'avait pas pour but d'aguicher les hommes qu'elle rencontrerait ce jour là), soit préférer ignorer cette réalité en faisant comme si nous vivions dans un monde parfait, quitte à se plaindre ensuite des regards lubriques ou des comportements déplacés suscités par ladite tenue vestimentaire.

 

Les réalistes, ou pragmatiques, préfèrerons sans doute la première attitude : elles se disent que les hommes ne vont pas tous changer du jour au lendemain, et qu'il y aura toujours des lourds ou des agressifs qui se croient tout permis, donc il vaut mieux anticiper et être "prudente".

Les idéalistes, celles qui veulent changer le monde, préfèreront certainement faire comme si ce qui leur déplaît n'existait pas, et donc s'habilleront selon leur goût sans tenir compte d'aucune restriction et en clamant que les hommes doivent changer.

Qui a raison ? je crois que c'est très difficile à dire, car il s'agit ici d'une question de personnalité. Et c'est cette même différence psychologique que l'on retrouve selon moi à la base de la différence entre les gens "de droite" et les gens "de gauche" : car il y a autant de personnes humainement très riches ou généreuses d'un côté comme de l'autre, c'est ma conviction profonde. Et il y a bien sûr autant d'immondes salauds d'un côté comme de l'autre : les bons ne sont pas face aux méchants, ce serait trop simple.

Mais les gens "de droite" considèrent le monde tel qu'il est en se disant qu'il ne va pas changer radicalement car il y a des constantes dans notre nature, il faut donc partir de cette base là et améliorer ce qu'on peut dans tous les domaines : il y a de quoi faire et il vaut mieux être patient.

Les gens "de gauche" voient aussi le monde tel qu'il est et se disent qu'il est loin d'être idéal, et que notre but c'est de réaliser un monde idéal. Ensuite tout écart entre ce monde anticipé et notre réalité est source de mécontentement, de revendication, voire de luttes : ce sont ces gens qui font les révolutions.

 

Il n'y a pas les gens bien d'un côté et les égoïstes de l'autre, et être de gauche ne confère aucune supériorité morale. Il y a des gens qui sont pareillement émus devant les injustices et les disfonctionnements de nos sociétés : simplement les uns préfereront toujours les petits pas, en regardant les progrès accomplis par rapport aux époques précédentes (car il y en a un paquet, on l'oublie trop vite), et les autres qui regardent vers l'avant et vers un avenir idéal, continueront à se plaindre que les choses ne marchent pas bien et qu'il faut donc tout changer. A mon avis le monde a besoin des deux types de personnalités, et en a toujours eu besoin. Le verre à moitié plein ou le verre à moitié vide : tout est là.

 



14/02/2018
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