The Return (de Uberto Pasolini) avec Ralph Fiennes et Juliette Binoche
Nous sommes allés voir ce film qui vient de sortir samedi à Eindhoven, suite à la critique entendue jeudi dernier sur NPO Klassiek (je n'ai pas encore lu de critique dans le NRC).
Quel beau film !!! Tout le contraire de ce que Hollywood propose : peu spectaculaire, lent, peu de dialogues, mais des acteurs formidables (surtout Juliette Binoche), un cadre réaliste et impressionnant à la fois, et une intensité digne d'une tragédie grecque bien sûr ;)
Donc ne tenir aucun compte de la notre relativement basse sur IMDb, où les commentateurs déplorent le manque d'allure du palais (une ruine !) et des costumes.
C'est voulu pour accentuer le côté réaliste de l'histoire ; ici pas de monstres ni de sirènes, pas de super héros : juste un soldat épuisé qui échoue (par hasard on dirait même) sur la côte de son île d'Ithaque. Il est visiblement traumatisé par ses expériences : de la guerre d'abord, de ses errances sur la mer ensuite. Il n'ose pas se présenter à sa femme, et encore moins se confronter aux prétendants qui font la loi chez lui ! Ce qui lui vaut les sarcasmes de son fils Télémaque, une fois son identité révélée... Jusqu'au moment où, averti que la reine Pénélope va enfin choisir un nouvel époux, Ulysse est bien obligé de se montrer. Mais son inquiétude est visible : est-il encore capable de se battre ? de bander son arc ?
L'histoire racontée est fidèle à celle d'Homère, mais à hauteur d'hommes : c'est la douleur de toute une famille qui est rendue palpable. En fait c'est un film sur les conséquences de la guerre, de toute guerre, sur les hommes qui la font et les familles qui restent derrière.
Tous les acteurs sont crédibles, même les seconds rôles. Ce sont souvent des acteurs grecs ou italiens, qui parlent avec un léger accent mais c'est aussi le cas de Juliette Binoche et ça ne dérange aucunement. Pas plus que le fait que le film soit en anglais : il y a peu de dialogues, l'important est ce qui n'est pas diti mais se lit sur les visages, surtout ceux d'Ulysse et de Pénélope. C'est en celà que la performance de Juliette Binoche est encore une fois remarquable : les émotions qu'elle fait passer dans ses yeux et sur son visage sont extraordinaires. Quelle grande actrice ! je ne suis jamais déçue par un film où elle joue.
Attention spoliers ! On peut s'amuser à faire une interprétation "freudienne" de l'histoire, comme Daan : est-ce que Télémaque, qui vit à 20 ans passés pour ainsi dire dans les jupes de sa mère, n'est pas en secret amoureux d'elle ? Il s'empare bien de l'arc à la fin : veut-il épouser sa mère, comme se moquent les prétendants ? Et c'est lui qui tranche la tête du prétendant le plus dangereux, celui qui seul parmi ces hommes assoiffés de pouvoir, semble véritablement aimer la reine comme femme... à la fin il choisit de partir : son père étant revenu, il n'a plus sa place aux côtés de sa mère, il se sent chassé.
Je ne sais pas si on peut parler de complexe d'Oedipe (nous restons dans les classiques grecs) à propos de Télémaque, mais je serai intéressée de connaître l'opinion de mes fidèles lectrices (n'est-ce pas Suzanne ?)
C'est en tout cas un très beau film, qui restera longtemps dans ma mémoire tellement certaines images sont fortes. Bravo, on en redemande !
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