Rhode au jour le jour

Je viens de lire ce petit livre prêté par Francesca, en italien : je ne connaissais rien de cet auteur, pourtant annoncé sur la couverture comme un des grands écrivains européens du 20ème siècle.

C'est une petite merveille, par le ton et par la concision de l'histoire ultra simple qui est racontée. On ne peut que ressentir une énorme sympathie pour le "Dottor Pereira", un vieux journaliste portugais de Lisbonne (l'histoire se passe en effet à Lisbonne durant le mois d'août 1938, ce qui n'avait a priori rien pour me donner envie de lire ce roman). J'ai rarement aussi bien ressenti, presque physiquement, la menace que représente un état autoritaire voire dictatorial qui s'immisce peu à peu dans votre vie jussqu'à la faire basculer. C'est le tour de force accompli par l'auteur avec très peu de moyens et de personnages, dont chacun est doté d'une réèlle épaisseur.

La  répétition stylistique de la tournure "sostiene Pereira", qui veut dire "Péreira prétend", ajoute à ce sentiment de menace diffuse : ce n'est pas dit, mais le lecteur peut imaginer que Pereira doit faire une déposition, suite à son arrestatioin pour motifs politiques...

La ville de Lisbonne est présente dans beaucoup de détails, comme le nom des rues et des places, ce qui confère aussi une réalité géographique au roman. Et malgré le ton qui se veut volontairement détaché du roman (comme dans une déposition), une poésie certaine s'infiltre dans toutes les pages et l'émotion prend souvent à la gorge comme chaque fois que Pereira parle à la photo de sa femme disparue ou commande une citronnade..

J'ai très envie de voir le film qui en a été tourné en 1995 avec Marcello Mastroianni.