Rhode au jour le jour

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Madame de... (Max Ophüls) et les Dames du Bois de Boulogne (Robert Bresson)

J'ai regardé l'autre soir ce très beau film en noir et blanc de 1953 dont j'ai acheté le DVD il y a peu de temps : je ne crois pas que je l'avais jamais revu depuis l'époque où Papa me l'avait fait découvrir, à Pamiers sans doute, comme tant d'autres films du ciné-club.

C'est vraiment un très beau film, difficile de dire autre chose. Et très élégant aussi bien sûr : les 3 acteurs principaux (Danielle Darrieux, Charles Boyer et Vittoria de Sica excellents), les dialogues, le milieu aristocratique d'avant 14 dans le lequel le film de déroule, avec ses bals, ses beaux costumes, ses militaires et ses diplomates...

Tout ceci fait du film un régal pour les yeux, avec ce brin de nostalgie que l'on éprouve toujours pour une époque révolue : car en réalité, cette Louise est une femme insupportable de légèreté, superficielle, gâtée, comme les femmes de son milieu l'étaient. On en chercherait en vain l'équivalent de nos jours ! Comment imaginer qu'il y avait des femmes dont l'occupation principale sinon la seule était de savoir quelle tenue elles allaient arborer au bal du soir, à celui du lendemain et ainsi de suite ? ou qui pouvaient passer de longues minutes à errer parmi d'innombrables boîtes à bijoux pour choisir celui qu'elles vont mettre en gage (pour couvrir des dettes !) comme nous le dévoile la magnifique scène d'ouverture du film ?

C'est cet aspect du film qui m'a le plus intéressée même si l'histoire classique du triangle amoureux la femme-le mari-l'amant n'est pas sans attrait. Personnellement, je me demande bien ce qu'elle trouvait de si séduisant au personnage du diplomate italien interprété par Vittorio de Sica : celui du mari, général, me semblait d'une autre stature ! Et Charles Boyer fait de son rôle un personnage très humain et très riche. A côté, l'autre n'est qu'un vulgaire séducteur. Mais la comtesse en a jugé autrement et s'éprend follement de son diplomate, avec les conséquences dramatiques invévitables dans son milieu à l'époque (un duel).

Oui, un petit chef-d'oeuvre qui mérite sa réputation. A voir et à revoir.

 

Sur ma lancée j'ai regardé hier soir un autre film noir et blanc français mais de 1945 : "les Dames du Bois de Boulogne", également très apprécié par Papa, avec Maria Casarès qu'il aimait beaucoup (mais hélas sans aucun sous-titres). Et là en revanche, j'ai été très déçue : par l'histoire, par les personnages, par les dialogues (pourtant ou justement parce que de Cocteau ?). Cette histoire de vengeance est totalement improbable : l'homme du monde raffiné qui s'éprend du jour au lendemain d'une jeune fille sans famille ni relations et l'épouse sans en savoir plus sur elle et sa mère ? C'est un conte de fée plus qu'autre chose. Maria Casarès tire les ficelles et manipule tout son monde avec aisance, soit, mais pourquoi est-elle toujours habillée (en 1945) en long ? Certes elle est admirablement filmée, ce qui met son visage si particulier très bien en valeur. Mais si on comprend son désir de vengeance, on accepte moins facilement la facilité avec laquelle les deux autres femmes se soumettent à ses injonctions. Bref, en dépit des actrices (l'acteur principal Paul Bernard, inconnu de moi, est bien fâlot) l'histoire ne me convainc pas, ou fait terriblement datée.

Il paraît qu'elle est inspirée du Neveu de Rameau de Diderot ? cela vaudrait la peine que je le relise pour en avoir le coeur net. Et que je revoie le film pour peut-être mieux l'apprécier à sa juste valeur...

 

erratum : pas du Neveu de Rameau mais de Jacques le Fataliste !



03/08/2017
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