Rhode au jour le jour

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La première histoire (Frédéric Gros)

C'est un livre que j'ai acheté la semaine dernière à la librairie française d'Amsterdam (novembre 2024) : sans rien savoir, juste à cause de la couverture vaguement byzantine, et du sujet. Il s'agit du récit du premier voyage de "mision" de Saint Paul en Anatolie, plus précisément à Antioche de Pisidie. Voyage au cours duquel il rencontre une jeune fille aisée de la ville de Iconium qui a entendu sa prédication et décide de quitter sa vie (et son futur mariage) pour le suivre sur les routes et annoncer le message de Jésus. Au grand embarras de Paul, ce qui donne lieu à quelques scènes plutôt comiques.


Cette jeune fille a réellement existé : dans le livre elle s'appelle Theoklia, elle a été connue en occident comme Sainte Thècle. Il s'agit de la première sainte et martyre chrétienne, très vénérée aux débuts de l'église mais totalement oubliée aujourd'hui. L'auteur, intrigué par cette histoire, a voulu lui rendre justice. Le portrait qu'il fait d'elle est incandescent : Theoklia n'a peur de rien, elle sait ce qu'elle veut et va de l'avant pour l'obtenir. Les miracles ne tardent pas, mais rien de semble l'étonner. Elle est habitée par la parole de Jésus : de nous jours on la trouverait un brin fanatique, mais en l'an 47-48 où se situe l'action tout est acceptable.

Voici le commentaire que j'en ai écrit à l'intention de la libraire d'Amsterdam :

 

"Le roman de Frédéric Gros m'a emballée ! C'est une démarche très originale, dont il s'explique à la fin du livre. Bien sûr, cette histoire, même basée sur des personnages ayant existé, parlera sans doute plus aux croyants qu'aux autres. Paul de Tarse (Saint Paul) est un personnage fascinant et c'est amusant de le voir parler et agir dans ce roman, même s'il n'est pas le "héros" de l'histoire.

 Fait intéressant : en faisant une rapide recherche sur internet des voyages de Saint Paul, dont celui raaconté par Frédéric Gros, je n'ai trouvé nulle mention de Theoklia, alors qu'on cite partout Barnabé qui accompagnait Paul dans sa mission. Elle a bien été oblitérée par l'histoire officielle de l'église ! Est-ce parce qu'elle était par trop féministe ? Pourquoi le Papa Paul VI l'a-t-il retirée du calendrier des saints dans les années soixante ? Tout ceci méritait que quelqu'un s'y intéresse : c'est donc fait.

 

Je suis admirative de la façon dont cette époque lointaine a été recréée par l'écrivain : il a sans doute dû faire beaucoup de recherches, sur la géographie des lieux, les routes existant à l'époque (la Voie Sébaste, célèbre route romaine traversant l'Anatolie), ce que les gens mangeaient et plein d'autres détails. C'est ce que j'aime dans un roman : qu'il me transporte dans un autre monde. Comme je m'intéresse particulièrement par la période de l'antiquité et des débuts de l'église, j'étais servie ! On n'a plus qu'une envie : partir parcourir ces mêmes routes aujourd'hui, sur les traces de Paul et Theoklia.

Je n'ai qu'une seule réserve : l'auteur a choisi, très certainement délibérement, de faire parler ses personnages d'une façon très moderne et donc anachronique. Ainsi on assiste  à une scène où une reine romaine s'adresse au proconsul également romain de la ville (Antioche de Pisidie) en lui disant "monsieur" ! J'aurais préféré n'importe quel autre titre à ce monsieur incongru, mais c'est un détail."



25/11/2024
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