Rhode au jour le jour

Vu ce film de 2017 hier soir (11 avril 2020) sur Canvas : remarquable. C'est le premier film libanais a avoir été nominé pour l'oscar du meilleur film étranger (qu'il n'a pas gagné d'ailleurs).
Comme pour "Parasite" c'est passionnant d'être immergé dans la réalité d'un autre pays, avec une autre langue et d'autres décors et bien sûr des acteurs inconnus du spectateur occidental : c'est pour toutes ces raisons que le cinéma est un langage universel merveilleux.

L'histoire est banale au début (deux hommes aux origines différentes développent une querelle suite à un échange d'insultes des deux parties) mais c'est le traitement de cette querelle qui est fascinant : la cause disparaît bien vite face aux enjeux politiques qu'elle sert, au grand dam des deux protagonistes qui se voient propulsés sur le devant de la scène judiciaire et médiatique.

Le film est agencé de telle façon qu'il nous fait revoir en un peu moins de deux heures l'histoire tourmentée du Liban des dernières cinquante années. C'est une histoire de guerre civile, de réfugiés et de violence qui est connue, mais que le scénario rend extrêmement tangible, à travers les conséquences que cette histoire entraîne pour les hommes qui l'ont vécue, de quelque bord soient-ils.
J'ai trouvé les deux acteurs principaux très convainquants. L'avocat (de Toni) en fait peut-être un peut trop, comme tous les avocats, c'est d'ailleurs avec les politiciens entrevus le personnage le moins sympathique. Car les deux "héros" restent profondément humains, dans leur fragilité et leurs défauts : tous les deux sont trop fiers pour tourner la page, ils s'estiment chacun lésés dans leurs droits ou dans leur identité. Le spectateur les trouve tour à tour sympathiques et irritants, le film ne prend pas parti.

C'est un véritable tour de force, et je suis entièrement d'accord avec les critiques lues sur IMDb. Je suis contente d'avoir pu voir ce film peu connu grâce à Canvas, qui a toujours une programmation de qualité (c'est bien la seule chaîne télé dont on peut le dire)