contradictions
Ca fait longtemps que je veux mettre par écrit quelques réflexions sur les contradictions auxquelles nous (les femmes en particulier) sommes soumis à répétition à notre époque qui se veut "bien-pensante".
Tout à trac : quand je lis par exemple certains" conseils" ou suggestions pour consommer plus durable en achetant près de chez soi : qui va prendre le temps de faire le tour de plusieurs magasins parfois éloignés (le boucher, le boulanger, le marchand de légumes), quand le supermarché permet de tout trouver en un seul endroit ? certainement pas les femmes qui rentrent chez elle fatiguées après leur journée de travail. Même moi, qui en aurais le temps, je ne le fais pas. Dois-je en avoir honte ?
Et encore ceci, lu très récemment dans le Humo mais c'est la 1ère fois que je vois clairement le lien établi entre malbouffe/obésité et émancipation féminine : qui a encore le temps de préparer des plats avec des légumes frais (comme chacun sait, les légumes sont ce qui demande le plus de temps de préparation car il faut les laver et les éplucher/couper) quand on peut faire avec des légumes surgelés, voire avec des plats tout préparés ? et on sait très bien aujourd'hui que ces plats préparés sont malsains car trop salés/sucrés/gras rayer la mention inutile s'il y en a une ! Pour que les enfants mangent des légumes, qui prépare encore des bonnes soupes maison ? c'était pourtant la base quotidienne de ce que préparaient nos mères, il y a seulement cinquante ans de cela... mais ces mères de famille étaient des "femmes au foyer" qui n'avaient d'autre ambition que de tenir leur intérieur et assurer les repas pour leur famille (souvent plus nombreuse que de nos jours). En s'approvisionnant chaque jour au besoin de produits frais au "marché" où les paysans du coin apportaient leurs produits, forcément locaux.
Il faudrait pour bien faire recycler le plus possible de ses déchets ménagers : en faire du compost quand on a un jardin, en tout cas trier un maximum pour réduire la montagne de déchets que nous nous trimballons chacun année après année (le petit film de "Réduisons nos déchets ça déborde" il y a quelques années m'a toujours énormément plu car il permettait de visualiser cette montagne de manière amusante).
Trier ça veut dire aussi faire plusieurs voyages à la déchetterie (en voiture) car tout n'est pas ramassé par les "poubelles" de la ville. Comment doivent faire les veilles personnes, pourtant de plus en plus nombreuses dans la population ? ou les jeunes qui n'ont pas encore de voiture ?
J'ai eu l'occasion de voir à la télé (Infrarouge sur la 2) un petit film documentaire fort éclairant sur le sujet des déchets : un journaliste avait fait l'essai de vivre six mois avec zéro déchets (Ma vie zéro déchet cliquer ensuite sur "je me souviens"). Ma conclusion : c'est une discipline qui exige beaucoup de temps.
Qui a le temps justement au supermarché de lire en détails les informations écrites en lettres minuscules sur la composition des produits, ou sur leur provenance ? je voudrais ne plus acheter de shampoing et autres gel douche avec de l'huile de palme, mais c'est toute une affaire pour arriver à savoir quels produits en contiennent ! Il y aurait encore bien des choses à écrire sur le phénomène "supermarché", avec ses produits conditionnés dans des barquettes sous film plastique, ses pommes importées de Nouvelle-Zélande ou du Chili, ses fraises à Noël et ses raisins en avril. Mais il y a d'autres que moi qui s'en émeuvent régulièrement, et nous pouvons espérer que dans ce domaine il y aura des progrès accomplis.
Pour revenir à ces contractions exaspérantes qui me rendent folle, un autre exemple qui surfe sur une mode très tendance : les produits ménagers naturels, qui ne polluent pas l'environnement. On trouve quantité de sites qui donnent plein de recettes "de grand-mères" pour récurer son intérieur, des sols au plafond en passant par les canalisations et les casseroles. J'ai moi-même acheté savon noir, bicarbonate de soude et autres cristaux, car après tout pourquoi pas : si on peut faire aussi propre en polluant moins, où est le mal ?
Le mal vient de ce que tous ces sites omettent souvent de préciser : en plus des-dits produits il faut une sacrée dose d'huile de coude pour obtenir un résultat satisfaisant, ce sont les utilisatrices qui l'écrivent ! Qui va passer une demi-heure pour ravoir un dos de casserole noirci, ou faire temper plusieurs heures du linge jauni avant de le mettre en machine ? Il n'y a pas de quoi trop s'étonner : personne n'a jamais prétendu que les tâches ménagères soient "faciles". Nous sommes toutes ravies d'en avoir été "débarrassées" par le nombre croissant d'appareils électro-ménagers qui nous simplifient la vie. Mais à vouloir trop rendre faciles des choses qui ne le sont pas, nous en sommes venus à faire appel à des produits de plus en plus chimiques et nocifs, voire dangereux si pas pour nous, certainement pour la planète. Les fabricants l'ont bien compris, qui proposent dans les rayons un nombre toujours plus grand de produits miracles, sensés laver plus blanc, tout faire briller et désinfecter.
Alors marre de cette hypocrisie qui soumet les femmes, auxquelles incombe la responsabilité principale de ce genre de tâches, à des injonctions complètement contradictoires : il faudrait pour bien faire travailler à plein temps (car le temps partiel ne peut être que "subi" et ne permet pas de faire carrière), mais également nourrir sa famille de bon petits plats maison "bio" préparés avec des produits frais, variés et sains, tout en passant des heures à faire le ménage avec des produits naturels pour terminer en passant des heures à sa déchetterie !!! je ne parle même pas des injonctions déguisées que sont les conseils de beauté et de mode, qui nous répètent à l'envi comment être mince, soignée et jolie par-dessus le marché. Parce que bien sûr, nous devrions aussi entretenir notre forme physique et donc aller courir ou marcher chaque jour !
Je voudrais faire la connaissance des femmes qui sont capables de répondre "présent" sur chacun de ces fronts. A mon avis elles n'existent tout simplement pas, car pour elles comme pour tout un chacun une journée compte 24 heures et pas une de plus. De ce point de vue, le monde n'a pas changé et n'est pas prêt de le faire. Il est temps que l'on cesse de feindre de croire que tout est possible : non, tout a un prix. Le prix de l'émancipation féminine, c'est la destruction de notre planète, tout simplement. Vive les femmes d'autrefois, nos mères et grands-mères, qui ont su pendant longtemps conserver un monde où on mangeait mieux et où on polluait moins !
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