Rhode au jour le jour

Vu ce film hier soir (25 septembre 2021) sur Canvas : d'abord je ne comptais pas le regarder car le sujet ne m'inspirait pas vraiment, et puis je suis restée devant et je l'ai regardé entièrement. Un beau film qui m'a donné envie d'écrire une critique sur mon blog, où je n'écris plus grand-chose depuis que nous sommes aux PB.

Il s'agit d'un film de 2018, de Claire Burger : un film de femme, et ça se sent je trouve. Je ne connaissais ni cette metteur en scène ni les acteurs du film, qui sont pourtant assez extraordinaires, surtout les deux gamines. Le film n'a qu'un 6,6 sur IMDb, c'est un peu sévère : "Nothing Personal" que j'ai vaguement regardé la veille et qui est un peu ce même genre de film d'auteur, a un 7 que C'est ça l'amour aurait mérité à mon avis.

L'histoire est banale à pleurer : une femme quitte son mari, mais les deux filles (14 et 17 ans) restent avec leur père, c'est la mère qui a décidé de partir. Le père est dans le déni complet et pense que sa femme a juste besoin d'un peu de temps libre pour elle avant de revenir à la maison. C'est surtout lui qu'on voit avec ses filles, pas toujours faciles à gérer comme des adolescentes classiques.

D'ailleurs c'est un aspect du film qui m'a sidérée : la façon dont ces gamines parlent entre elles et encore plus à leur père, surtout la plus jeune qui est franchement pénible. Une sale gamine mal élevée, voilà comment je la vois. Mais le père déborde tellement d'amour qu'il trouve toujours, en tout cas souvent, le mot juste à dire pour que la dispute n'escalade pas. L'actrice est absolument époustouflante de naturel : on pourrait penser qu'il s'agit d'un documentaire tellement tout sonne juste, les dialogues, le ton employé, les expressions du visage. Elle a un côté rond et enfantin désarmant, mais on perçoit très bien sa souffrance suite au départ de sa mère. L'aînée elle, a pris parti pour son père, à qui elle vient souvent en aide quand il s'agit d'une dispute avec la plus jeune. Elle aussi est jouée parfaite de naturel par une actrice dont je n'avais jamais entendu parler.

Il y a peu d'autres personnages, à part les participants à la pièce amateur à laquelle s'est inscrite le père (moyen d'essayer de voir un peu sa femme même de loin, car elle travaille dans ce théâtre). Le film n'invite pas à juger ou à prendre partir, il n'y a ni bons ni méchants dans cette histoire : juste des humains qui se débattent avec leur vie, avec l'amour ou la fin de l'amour. 

Ce n'est pas facile, et je craignais même à un moment que le père "craque" et fassse une bêtise comme on dit : il accumule les maladresses, dans son travail également, il se fait tancer par tout le monde (la scène sur le parking avec la chauffeuse de camion !), comment tient-il le coup ? On ne voit d'ailleurs pas beaucoup de scènes de la vie courante : ni courses, ni lessives, ni ménage. Et rien à l'école des filles, où pourtant la situation familiale qu'elles traversent devrait avoir des conséquences dans leur prestations : ce n'est pas l'objet de ce film. Non, ce qu'il veut nous montrer c'est l'amour sous plusieurs de ses fomres dans une famille lambda dans une petite ville de l'est de la France, et comment se débattent des gens moyens et normaux face à des situations inédites : les relations entre les deux soeurs sont pour ça très bien vues aussi.
Le happy end final (non, pas le retour de la mère quand même !) est la seule chose que j'ai trouvée peu crédible : vu le tour que prenaient les événements on s'attendait plutôt à un drame ou une catastrophe ! apparemment Claire Burger est une optimiste et elle a voulu nous laisser sur une note d'espoir.

Un chouette film vraiment, bravo à la réalisatrice pour avoir su trouver le ton parfait : ce n'est pas un monde qui m'est familier, je n'ai pas élevé mes enfants de cette façon, je n'ai pas fait les mêmes choix dans l'existence. L'époque aussi m'est inconnue puisqu'il s'agit d'aujourd'hui en France, et je suis toujours étonnée par la jeunesse actuelle, sa façon de parler et ses attitudes. Mais malgré cette distance j'ai beaucoup aimé.