Rhode au jour le jour

Nous avons eu la chance d'assister à la Salomé de Richard Strauss au Muziektheater à Amsterdam le 2 juillet. La critique du NRC était exceptionnelle, et pour une fois totalement justifiée. Quel spectacle ! quelle musique ! quelles voix !

La mise en scène était magnifique, avec cette grosse lune (omniprésente dans le livret) qui se déplaçait lentement de la gauche vers la droite de la scène, et le parti-pris de ne montrer que la cour avec la citerne et les salles du palais à l'arrière-plan était excellent.

La soprano suédoise Malin Byström qui interprétait le rôle titre était bluffante par son physique (il faut pouvoir passer pour une jeune adolescente de 15 ou 16 ans) et dotée d'une voix puissante alors qu'elle reste en scène quasiment tout le temps. Certes l'opéra est court mais la performance reste impressionnante. J'ai été moins séduite par le baryton Evgeny Nikitin qui interprétait Iochanaan (Jean-Baptiste) car il n'était ni jeune (ce que dit le livret) ni beau : or la jeune princesse tombe immédiatement amoureuse de lui, et de son corps. Mais il avait la voix et la présence nécessaires. L'orchestre du Concertgebouw, très nombreux, était somptueux : un vrai régal pour les mélomanes.

Ce qui m'a le plus plu c'est le texte, bien sûr tiré de la pièce de Oscar Wilde, mais remanié par Strauss lui-même : ce texte allemand est d'une grande beauté poétique, avec ses répétitions et ses images... J'ai du coup voulu lire la pièce originale de Wilde, d'ailleurs écrite en français à l'époque : le livret lui reste très fidèle, et l'opéra est donc une adaptation en musique remarquable de la pièce de théâtre.

C'est aussi l'occasion de rafraîchir ses connaissances sur l'histoire compliquée de la Palestine et de la Judée au temps des Romains et des différents rois Hérode qui se sont succédés. Dans la pièce nous avons affaire à Hérode Antipas, fils de Hérode le Grand. Les évangiles mentionnent bien l'éxécution du prophète Jean-Baptiste, à la demande de sa belle-fille (et nièce) sans mentionner son nom. Ce qui est resté célèbre en peinture, en littérature et donc en musique, c'est la danse par laquelle Salomé séduit Hérode. Danse que Malin Byström a exécutée elle-même. Magnifique !