Rhode au jour le jour

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"Heureux les heureux" et l'Affaire Harry Québert

J'ai emprunté hier à la bibliothèque Heureux les heureux de Jasmina Reza, dont il vient de paraître une traduction en néerlandais (et une bonne critique dans le NRC boeken). Par curiosité. Et plutôt que d'acheter encore un livre que je ne saurai plus où ranger...

Eh bien je dois dire que même si les nouvelles sont inégales (il s'agit en fait d'un recueil de 21 courtes nouvelles, qui relient entre elles plusieurs personnages qui évoluent séparément) j'aime beaucoup ce style acéré, souvent drôle, toujours cruel. L'auteur dispose d'un énorme talent d'observation, associé à une perception psychologique très fine. Au point de me sentir parfois mal à l'aise à la lecture de certaines scènes ô combien reconnaissables ! Mais l'impression dominante reste quand même celle d'un exercice un peu superficiel : les personnages sont des caricatures de bourgeois friqués parisiens avec lesquels j'ai peu d'affinités.

 

Après "la Vérité sur l'Affaire Harry Québert" lu en Autriche (toujours suite à un article du NRC) je fais décidément une incursion dans la littérature francophone récente. Les deux romans n'ont rien en commun, et si j'ai beaucoup aimé l'histoire haletante de l'Affaire Harry Québert, j'ai déploré un style laid et maladroit qui n'hésite pas à tordre le cou à la grammaire de base. C'est du niveau d'un Dan Brown : une bonne histoire, bien menée, bien recherchée mais sans aucune prétention littéraire. Pourquoi ce livre a-t-il reçu deux prix, mystère...

A ces livres je dois rajouter le Michel Déon lu sur le conseil d'Alain "les Poneys Sauvages", ainsi que "les Croix de Bois" de Dorgelès, centenaire de la guerre de 14 oblige. Beaucoup moins récents ces deux derniers romans, et plutôt décevant en ce qui concerne le Michel Déon : une histoire absolument invraissemblable, des personnages ridicules, dans un style qui a beaucoup vieilli (les personnages, amis d'enfance, continuent à se vouvoyer toute leur vie !). Rien à en retenir, même si le livre m'a permis de découvrir cette guerre du Yémen des années 60 dont j'ignorais tout. J'y devine une fascination certaine de l'auteur pour les Britanniques, qui transparaît à chaque page. Mais alors pourquoi avoir voulu faire du narrateur un Français ?

Le Dorgelès me déçoit aussi un peu, parce qu'il n'y a pas d'histoire à proprement parler. Ce sont des chapitres qui décrivent des scènes successives, un témoignage de premier ordre bien sûr, mais dont la lecture demande un certain effort d'engagement. J'ai commandé "Ceux de 14" de Maurice Genevoix, dont on dit que c'est un chef-d'oeuvre, je pourrai faire la comparaison.



17/02/2014
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